Plus belle la vie
Si c'est pas magnifique de couper le ruban rouge qui symbolise l'inauguration d'une nouvelle rubrique ! Eh oui, vous avez bien lu, pour commencer dans cette catégorie toute fraîche, j'attaque avec une fiche (artisanale) d'une série à laquelle je tiens tout particulièrement (même si je me doute d'être le seul). Au début, je m'en cachais un peu mais, finalement, à quoi bon ? Bonne lecture ! XD
"
Tout mais pas perdre mon ââââmeuh…"
Eh oui, cet air doit certainement vous dire quelque chose !
Si, effectivement, cet extrait vous dit quelque chose, vous êtes démasqués : vous êtes un fervent amateur de la série
Plus belle la vie, vous regardez même jusqu'à la dernière seconde puisque cette chanson est celle du générique de fin !
Si, malheureusement, cet extrait n'a jamais tinté dans vos oreilles auparavant, vous avez une culture télévisuelle bien pauvre…
Qu'est-ce qui est pire ? Connaître ou pas connaître ?
Pour le bien-fondé de mon article et ne pas le pomper en répondant d'office négativement, je vais jouer au sourd et faire comme si cette série vous était totalement inconnue et, de fait, que les clichés qu'elle traîne improprement derrière elle ne soient qu'illusion.
• ConceptDiffusée depuis le 30 août 2004 sur
France 3, du lundi au vendredi à 20H20 ainsi que sur
La deux (en Belgique) à 18H55,
Plus belle la vie est un véritable feuilleton de proximité ancré dans la société d'aujourd'hui. Sous le ciel marseillais, la fiction retrace, modèle et contrarie le quotidien des habitants du quartier populaire du Mistral. Les Mistraliens forment une communauté de personnalités qu'on qualifierait de "sans âge pour un public sans âge" puisque la tranche temporelle oscille entre treize et quatre-vingts ans… ou, comme le dirait notre ami Mimi, de sept à soixante-dix-sept ans. Les producteurs ne reculent devant rien étant donné que les personnages sont, comme dans la vie réelle, de toutes origines sociales et culturelles. Que demande le peuple ! Histoires de cœur, de famille, problèmes de société, guérilla et coups bas entre voisins, suspense au rendez-vous, intrigues policières pimentant et rythmant le souffle des habitants, le Mistral est décidément un lieu où les jours se suivent mais ne se ressemblent jamais… ou juste un peu.
• Têtes principalesPour la plupart d'entre eux, les acteurs n'étaient au départ de la série que des quidams sans grand palmarès et sans grands rôles soulignés au rouge dans leur curriculum vitae. Ce choix, de la part des réalisateurs, était bel et bien délibéré et non pas faute de budget. Non, c'est vrai, imaginez Véronique Genest dans le décor, ça discréditerait tout, on ne penserait qu'à Julie Lescaut et, en plus, ça nous ennuyerait plus qu'autre chose.
- Blanche Marci (Dubois), ex-belle-fille de Roland ;
- Roland Marci, tenancier du bar populaire du quartier ;
- Johanna Marci, fille de Blanche et petite-fille de Roland ;
- Thomas Marci, fils homosexuel de Roland et oncle de Johanna ;
- Mirta Torrès, compagne de Roland et tenancière de l'hôtel du quartier ;
- Luna Torrès, fille de Mirta, mère de Rudy et belle-mère de Nathan ;
- Rudy Torrès, fils de Luna et petit-fils de de Mirta ;
- Céline Frémont, fille aînée de Charles, patronne assistante de Phénécie ;
- Charles Frémont, ex-avocat et père de Céline et Juliette ;
- Juliette Frémont, benjamine de la famille Frémont ;
- Ninon Chaumette, fille de Vincent et Laurence ;
- Vincent Chaumette, père de Ninon, récent patron de Phénécie ;
- Rachel Lévy, grand-tante retraitée de Nathan ;
- Charlotte Le Bihac, couturière créative indépendante, veuve ;
- Mélanie Rinato, bimbo du bar de Roland, ex-compagne de Malik ;
- Léo Castelli, policier un peu borderline, compagnon d'Agathe ;
- Agathe Robin, copropriétaire de l'hôtel, compagne de Léo et mère de Maxime ;
- Franck Ruiz, compagnon de Blanche, père du petit Noé.
Et ceux-ci ne sont qu'un petit échantillon, puisqu'en tout et pour tout, plus de cent personnages, temporaires comme secondaires, ont foulé l'asphalte synthétique du Mistral. Aux débuts de la série, le problème des acteurs principaux a été que, en plus d'une expérience professionnelle minime, la promotion ne reposait que sur le scénario et leur jeu de scène.
Comme beaucoup de la prod AB (
Hélène et les garçons,
Les vacances de l'amour, etc.), certains craignent de ne pas pouvoir ôter leur étiquette d'acteurs "de feuilleton", et donc, de rester cantonnés aux frontières de Marseille. Or, et même récemment, les plus anciens de
Plus belle la vie se voient tout de même proposer des rôles différents sur d'autres paysages visuels. Attention, ne pas interpréter ce que je viens de dire :
Plus belle la vie, c'est totalement un autre univers que
Hélène et les garçons. Si vous voulez établir une (de toute façon futile) comparaison, supprimez chez Mlle Rollès les dialogues niaiseux, les scripts répétitifs, l'impression de déjà-vu et l'amateurisme des acteurs… Et encore, je censure et remplace les qualificatifs par une profusion d'euphémismes.
• L'envers du décorSi la série
Plus belle la vie est manifestement une usine à divertissement, ponctuée de dialogues éloquents, scènes funestes et salopards commis au trou, c'est évidemment parce que les coulisses sont un immense bagne, les travaux forcés et les morts de fatigue en moins. La sueur, elle, est indissociable par contre.
Voyez plutôt : cinq jours de tournage sont nécessaires pour emboîter cinq épisodes de 26 minutes, et ce pour chaque semaine. 80% de tournage se fait en plateau et les 20% du reste de tournage se fait en extérieur. Pour s'occuper du scénario, une directrice littéraire et une coordinatrice d'écriture sont sollicitées, sans oublier les dix-sept auteurs répartis en trois ateliers d'écriture et un auteur en permanence sur le tournage. Evidemment, tout ça doit être fièrement payé : la série n'est pas manufacturée par un vide géant, le budget est ainsi de plus de 28 millions d'euros, soit 85 000 par épisode ! Même si ça ne nous regarde pas, les salaires des acteurs, pour le métier harassant qu'ils fournissent quotidiennement, sont bien modestes : les jeunes comédiens perçoivent 3500 euros par mois tandis que les séniors touchent, eux, 6000 euros mensuellement ! Et dire que certains acteurs américains menacent les producteurs avec des démissions en sourire affriolant sous prétexte de ne pas être assez bien payés…
3500 mètres carrés exploités sur 6000 et 1900 mètres carrés de décors extérieurs et
intérieurs. De quoi se perdre, non ? Trois mois et 13 300 heures de travail, cinquante personnes de tout corps de métiers
du bâtiment et une main-d'œuvre à 90% régionale. La grande majorité des acteurs ont déserté la capitale française pour s'intaller au cœur de la cité phocéenne. Les plus jeunes cohabitent, les moins jeunes posent leur valise dans un appartement qu'ils ne voient que très tôt le matin et très tard le soir, les seuls murs auxquels ils sont habitués s'élèvent en carton. Quand ils ne tournent pas, ils ont tout juste le temps de caler leur texte, faire part de leurs propositions et, entre deux changements de décor, se reposer un maximum de temps, ce qui n'est pas forcément aisé quand on sait que certaines journées débutent dès quatre heures du matin. Les bafouillages, les balbutiements, les trous de mémoire et les coups de pompe sont légion. Il n'est pas rare de recommencer dix fois une même séquence !
En prime, voilà quelques bonus qui témoignent de la bonne humeur maîtresse malgré le surmenage journalier. L'atmosphère est survoltée, un véritable baril de poudre à l'affût de la moindre étincelle pour exploser… de rire :
-
Bêtisier : partie 1,
partie 2 et
partie 3.
-
Bêtisier : On va la refaire.
Substitut, oui. Tout le monde sait le dire.
• Avis personnel, inébranlable et orientéJe vous le jure, même si je n'ai aucun compte à vous rendre, avant de devenir "accro" à cette série, je ne regardais uniquement quand je "tombais" dessus, je ne cherchais pas à suivre quotidiennement. Lorsque ça arrivait, c'était plus pour le fun, certaines situations ou le jeu caricatural des acteurs me faisaient marrer. Après, honte à moi et malédiction sur sept générations : j'ai commencé à tomber dessus par hasard de plus en plus souvent et surtout volontairement ! J'ai suivi chaque jour, sans pouvoir décrocher. Ne riez pas, c'est sûr que ça attire, un meurtre, des vols, des complicités, des délires et tout ça ! Dites oui.
Au début, j'ai eu du mal à me faire au style de la caméra. Regardez un jour, vous verrez que c'est très spécial, limite improvisé et amateur. Ensuite, quand on s'y est fait, ça devient vraiment excellent d'avoir les trois yeux braqués sur la télé pendant 26 minutes. En plus, pour allécher le téléspectateur et le faire patienter jusqu'au plat suivant, on le délaisse d'une manière frustrante : il est (et non, je ne parle pas de moi à la troisième personne) face à un suspense "monstrueux" ! Le lendemain semble loin, très loin. Le grand avantage, le plus suprême, la petite différence de
Plus belle la vie, c'est le respect quasi total des dates réelles. Exemple : si nous sommes le 27 octobre, nous sommes également le 27 octobre dans la série. On peut ainsi prétendre suivre vraiment les mésaventures du Mistral au jour le jour ! L'élection de Sarko faisait jaser la veille, ou la vente de brins de muguets fleurissait de partout dans le quartier. Oui, les jours adéquats, évidemment !
Dans le fond même, certains personnages ne se connaissent pas et ont un passé qui leur est propre, un caractère bien défini, mais il est souvent impossible de savoir de quel côté ils sont. Comme la nature humaine réelle, chaque individu a plusieurs facettes, des défauts et des qualités. Ils s'adaptent à leur milieu, leur personnalité n'est pas étiquetée d'avance, tous évoluent. À l'instar de
Desperate Housewives, l'humour en moins, les interactions entre eux peuvent sembler niaises parfois mais font un peu le charme de
Plus belle la vie, qui est d'ailleurs bien connue pour cette caractéristique…
Aux sceptiques, aux bornés, à la confrérie des esprits contradictoires dont je fais partie, aux grands réalisateurs de cinéma, je n'aurais qu'une chose à dire : tous les goûts sont dans la nature. Je me dois de souligner également la différence fondamentale entre deux catégories de téléspectateurs : les serial boulets, fanatiques de moins de 13 ans, et les amateurs intéressés, qui regardent toujours sans pour autant ne prêcher que ça (bah non, y a
Ghost Whisperer aussi…).